RECHERCHE

mardi 5 juillet 2011

vidéo: Les rappeurs sénégalais contre le président Wade


Lundi matin dans la presse nationale, les Sénégalais ont pu lire une lettre ouverte de Karim Wade, 42 ans, actuel ministre des transports et fils du président Abdoulaye Wade. Le ministre assure au peuple sénégalais qu’il n’a pas voulu transformer son pays en monarchie.

Le 23 juin, son père, 85 ans, voulait en effet modifier la constitution pour permettre la réélection du père et faciliter le passage de relais au fils. «Le Vieux» comme l’appellent les Sénégalais a dû y renoncer après l’appel à manifester du collectif Y’en a marre et les nombreux mouvements de constestaton de rue.

Initiés par de rappeurs de la deuxième génération (Keur Gui, Fou Malade, Simon…), ce mouvement s’est créé en février 2011 au forum social de Dakar, et s’inspire d’une rengaine de la rue dakaroise, soufflée elle-même du reggae de l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly. Comme leurs aînés, Didier Awadi, Xuman ou Daara J à la fin des années 90, ces rappeurs veulent le changement – «sopi» en wolof. Ils avaient 20 ans quand Wade, figure traditionnelle de l’opposition à Abou Diouf, a été élu. Depuis, ils dénoncent des conditions de vie qui, à leurs yeux, n’ont pas évolué. Comme Positive Black Soul en 1996 dénonçait les coupures d’électricité «et leurs appareils bousillés» dans Ceci n’est pas possible, le groupe HA2N fustige la société d’électricité Sénelec dans Désolé, une reprise du tube de Sexion d’Assaut.

«Vous vous rendez compte qu’on parlait déjà des coupures d’électricité en 1996, s’insurge Didier Awadi de PBS, et que ce n’est toujours pas réglé. Les problèmes d’hier sont les mêmes problèmes d’aujourd’hui : la gestion du pouvoir et de l’énergie. Quand on appelait au changement en 2000, c’était tout le système qu’on voulait changer, pas seulement les hommes. Quand on veut changer seulement les hommes, on se retrouve 12 ans après avec les mêmes.»

Awadi comme tous les anciens – Xuman en tête – ont rejoint le mouvement des plus jeunes, participant à leurs morceaux Y’en a marre, s’exprimant sur les plateaux des télévisions privées. Au forum social de février 2011, Awadi a enregistré Dégage avec le représentant de la délégation tunisienne.

De là à dire qu’Abdoulaye Wade est un dictateur à l’instar de Ben Ali ou Mubarak, c’est un pas que le rappeur ne franchit pas : «Ce n’est pas encore le cas, mais il pourrait le devenir si on ne fait pas attention. On veut clairement que le président dise qu’il ne se représentera pas. Il nous faut un arbitre neuf et qu’on aille aux élections. Ceux qui disent qu’il faut appeler au chaos, on leur dit non. Le chaos, on a vu ce que ça donnait en Côte d’Ivoire.» Les rappeurs de Keur Gui ont ainsi enregistré un appel à s’inscrire sur les listes électorales dans Das Fananal.

Quant à savoir pourquoi ce sont toujours les rappeurs qui mènent la fronde pour le changement au Sénégal et pas les ténors du Mbalax (Youssou N’dour et Omar Pene), Awadi a une réponse toute faite : «On est en pole position, mais il y a toute la population derrière nous. A chaque fois, nous prenons la tête du mouvement parce que d’une, on a un tous un micro dans la main et de deux, on est tous allé à l’université. On a l’éducation qui nous permet de décrypter les politiques, d’analyser les situations. De plus, on a conservé une certaine indépendance d’esprit et autant de liberté d’expression. On ne peut pas nous faire avaler n’importe quoi.»
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire