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samedi 28 janvier 2012

Sénégal: manifestation contre un "coup d'Etat constitutionnel"

Le gouvernement sénégalais a lâché du lest en tolérant ce vendredi une manifestation, initialement interdite. Les opposants attendent une décision cruciale sur la validité de la candidature du président Abdoulaye Wade. 

Des centaines de Sénégalais opposés à la candidature du chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade à la présidentielle ont commencé à se rassembler ce vendredi sur la Place de l'Obélisque à Dakar. Ils attendent la décision du Conseil constitutionnel sur la recevabilité de cette nouvelle candidature dont ils contestent la légalité. 
"Nous allons rester toute la journée", a déclaré Alioune Tine, porte-parole du Mouvement du 23 juin (M23) qui regroupe des partis politiques et des organisations de la société civile. "Nous sommes là pour organiser la résistance contre le coup d'Etat constitutionnel." C'est-à-dire contre la validation de la candidature de Wade par le Conseil constitutionnel. 
Nous sommes là pour organiser la résistance contre le coup d'Etat constitutionnel 
Elu en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans après une réforme constitutionnelle en 2001 instituant un quinquennat renouvelable une fois, Wade se représente pour sept ans après le rétablissement du septennat en 2008, à la suite d'une nouvelle réforme constitutionnelle. Pour ses opposants, il se présente à un troisième mandat illégal, mais ses partisans affirment que le décompte doit se faire à partir de la première réforme constitutionnelle de 2001 instituant le quinquennat et qu'il s'agit donc d'un second mandat conforme à la Constitution. 
Forte présence policière
Le Conseil doit publier ce vendredi à une heure indéterminée la liste des candidats qui seront autorisés à se présenter à la présidentielle dont le premier tour est prévu le 26 février. Sa décision concernant la nouvelle et troisième candidature du président Wade, 85 ans, jugée anticonstitutionnelle par l'opposition, fait craindre des réactions violentes. 
Des dizaines de policiers anti-émeutes étaient présents sur la Place de l'Obélisque à Dakar où se tient le rassemblement, pour "l'encadrer", a dit l'un d'eux à des responsables du M23. D'autres forces de l'ordre étaient également positionnées dans le centre de Dakar et dans les banlieues populaires. Des gendarmes surveillaient le siège du Conseil constitutionnel situé dans un quartier résidentiel et huppé de la capitale. 
"Le pouvoir a reculé"
Cette manifestation, organisée par le M23, avait initialement été interdite par le gouvernement. Mais les autorités ont finalement décidé de le "tolérer" à la suite d'une médiation de l'UE. "Le pouvoir a reculé", a affirmé une source au M23. 
Le gouvernement avait décrété une interdiction de manifester du 26 au 30 janvier pour éviter "des pressions" sur le Conseil constitutionnel. L'opposition, au nom de la liberté d'expression garantie par la Constitution sénégalaise, avait décidé de défier cette interdiction, critiquée par la France et l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international. 
La France a estimé que "la liberté d'expression et de manifestation doit être partout garantie" et que "la volonté du peuple sénégalais doit être respectée". Selon Amnesty International, l'interdiction de manifester est "des plus inquiétantes" et "le potentiel de déstabilisation est immense". 

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