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dimanche 29 mai 2011

Abou, le miraculé de la VDN raconte


Societe | Mots Clés:  AccidentCamionSenegal
Vendredi 19 heures, à la salle d'hospitalisation de Traumatologie de l'Hôpital général de Grand-Yoff. Abou Sall est assis sur son lit d'hôpital, entouré des siens. Habillé d'un tee-shirt, il a les traits tirés. L'air fatigué. Ses mots sont ceux d'un miraculé, de quelqu'un qui revient de loin. 
 
De très loin. «J'ai tout juste eu un traumatisme au tibia droit», bredouille-t-il. 
 
Le corps endolori caché sous un drap blanc, le garçon porte encore sur ses mains les stigmates des perfusions administrées par les toubibs. Malgré le deuil et la douleur qui se lisent sur son visage tuméfié, il a fait preuve de beaucoup de courage pour raconter l'insoutenable drame de mercredi dernier. «Nous n'avons pas vu le camion venir. Il nous est venu de derrière. Nous étions quatre. Un talibé, mes deux amis (Rama et Cheikh) et moi. Il y avait un autre ami, qui était parti payer du café au moment où le camion fonçait sur nous.» Il se tait, rumine douleur et colère. Puis, se redresse avant de poursuivre : «J'étais devant pour arrêter un taxi. Puisqu'il y avait un policier à l'arrêt, le taxi ne pouvait pas se garer là où nous étions. Le taxi nous a dépassés. C'est en marchant pour aller discuter du prix de la course avec le chauffeur de taxi que le camion a surgi subitement. Il a touché le poteau électrique qui est tombé sur le talibé. Ensuite, le camion a continué sa course folle et a écrasé mes deux amis. J'ai entendu leurs cris.» Ses traits se tirent davantage. Il observe à nouveau un long silence. Puis, continue : «Quand je me suis retourné, je ne pouvais plus fuir. Le camion fonçait déjà sur moi. J'ai réussi à l'esquiver, mais en partie seulement.» 
 
Abou Sall ferme encore une fois les yeux, revoyant sans doute le film macabre. D'une voix étreinte par les trémolos, à peine audible, il souffle : «Avec Rama et Cheikh, je peux dire que nous étions les meilleurs amis au monde. Chaque jour, on allait prendre le repas chez l'un ou chez l'antre. Ils étaient mes compagnons de tous les jours.» Il observe encore un silence comme on observe le deuil: Avant de prier pour le repos de leur âme : «Que 1a terre leur soit légère ! » Amen. 

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